Carillon est la première centrale hydroélectrique de la province à avoir été construite sous la supervision d’ingénieurs canadiens-français au tout début de la Révolution tranquille. L’aménagement, situé sur la rivière des Outaouais, est à cheval entre le Québec et l’Ontario. Entièrement localisée au Québec, la centrale au fil de l'eau est dotée de 14 groupes turbine alternateur représentant une puissance installée de plus de 750 MW. L’évacuateur de crues, quant à lui, se retrouve en Ontario et a une capacité d’évacuation de plus de 11 000 m³/s répartie sur 12 passes.

La particularité du site est qu’une importante érosion du massif rocheux au bief aval immédiat de l’ouvrage s’est produite depuis sa mise en fonction. De plus, ce processus d’érosion est toujours actif et pourrait déconfiner des structures géologiques potentiellement critiques pour la stabilité de l’ouvrage.

L’évaluation de la stabilité des barrages et des évacuateurs de crues vieillissants est un important enjeu d’ingénierie depuis les dernières décennies. Une hypothèse généralement utilisée est qu’un plan de faiblesse existe au contact entre le béton et le roc sur lequel une rupture par glissement peut se produire. Cependant, d’autres plans de faiblesse peuvent exister à l’intérieur du massif rocheux de fondation. Ces plans sont potentiellement problématiques uniquement lorsqu’une combinaison de conditions défavorables sont rencontrées. Ces conditions sont, entre autres, la nature et la continuité des structures géologiques critiques ainsi que la relation spatiale entre leur géométrie et la topographie du socle rocheux à aval des ouvrages. Afin d’évaluer le potentiel de rupture dans la fondation rocheuse d’un ouvrage de retenu, il est préférable d’appliquer les concepts et les méthodes développés en mécanique des roches.